Bonjour à tous,
Je travaille en Suisse, dans le laboratoire horloger d’une grande manufacture, et nous avons reçu, début Novembre dernier, notre Form1+ (commandée en Septembre dernier).
Nous avons pu faire énormément de tests, aussi bien pour tester les capacités de la machine elle-même, que pour l’améliorer.
Notre objectif avec cette machine est d’acquérir des connaissances et des compétences dans le domaine de l’impression 3D, dans l’optique d’investir à terme dans une machine professionnelle, permettant de plus grosses capacité de production.
Nous imprimons toutes sortes de pièces, dans toutes les matières disponibles et dans toutes les définitions que permettent la machine.
Nous avons testé avec succès des pièces micromécaniques et des bijoux très complexes et très détaillées en 25 µm, des assemblages complexes de têtes de montres, des maquettes de mouvements fonctionnelles à échelles 3 et 5, des outillages, des posages de travail, et toutes sortes d’autres choses.
Nous ne sommes pas vraiment contraint financièrement et quantitativement sur les consommables mais cherchons tout de même à optimiser leur consommation.
Je vais vous donner quelques infos complémentaires, en plus des très nombreuses que vous avez déjà partagées.
Imprimante :
Une des premières choses, et pas des moindres, la maintenance de la machine. Il est bon de prévoir une maintenance préventive de votre machine, en terme de nettoyage des miroirs. Pour notre part, nous en faisons une toutes les 3 semaines (la machine tourne presque 24/24 en environnement laboratoire, donc propre). Bien entendu, cela dépend beaucoup du taux d’utilisation de votre machine, mais surtout du niveau de pollution dans lequel elle travail. N’hésitez pas à contacter le service support pour obtenir la procédure de démontage de la machine et de nettoyage des miroirs (gros miroir fixe de renvoi + 2 petits miroirs mobiles d’orientation du laser) : maintenance à faire au calme dans un environnement le plus propre possible (prévoir 1h).
Nota : Nous déconseillons les bombes de gaz neutre pour le nettoyage des miroirs, une mauvaise orientation de la bombe et du gaz sous forme liquide peut être propulsé sur le miroir et déposer un voile presque invisible à l’œil nu mais qui fera planter complètement vos impressions.
Pour l’impression de pièces aux dimensions précisent, n’hésitez pas à imprimer plusieurs pièces étalons (cubes ou autres aux dimensions simples) en jouant sur les paramètres X et Y de votre machine, jusqu’à obtenir des dimensions les plus proches possibles des valeurs cibles.
Support d’impression :
Il est vrai qu’un nettoyage à l’alcool ISO mal fait peut entrainer par la suite une contamination du bac de résine.
Pour des impressions successives du même type de résine, nous nettoyons le support à sec, avec un tissu microfibre jetable qui ne peluche pas.
Lors d’un changement de résine, nous démontons entièrement le support et le nettoyons intégralement à l’ISO avant de bien le laisser sécher.
Idéalement, vous pouvez jongler avec un deuxième support si le premier est en cours de nettoyage.
Petite astuce : pour ne pas marquer le support avec la spatule lors du décollement des pièces, vous pouvez aiguiser cette dernière. La nôtre est aiguisée comme un rasoir et la séparation des pièces du support se fait sans effort. Attention néanmoins à l’angle d’attaque sur votre support, pour ne pas « planter » la spatule dans la plaque alu.
Bac de résine :
Comme déjà évoqué, la résine et la couche silicone doivent être aérées régulièrement, idéalement entre chaque impression. Toutes les particules solides doivent être éliminées de la résine liquide et du silicone, par raclage (pas avec une spatule aiguisée) ou par filtrage. Nous avons optez pour une solution qui combine les 2 puisque nous avons développé et imprimé une spatule à trou, avec bords relevés, qui permet de racler et filtrer en même temps.
Idéalement il faudrait utiliser un bac de résine par type de résine, mais cela pouvant devenir vite onéreux, nous avons trouvé la solution. Pour changer la résine de votre bac, enlevez le surplus avec un tissus microfibre ou papier absorbant, sans forcer sur le silicone. Mettez des gants jetables en latex ou des gants de vaisselle et laver votre bac à l’eau (idéalement déminéralisée) savonneuse (pas de produit vaisselle) en frottant le silicone avec vos doigts gantés (pas d’éponge). Ne le laissé pas sécher à l’air libre mais en évacuant les gouttes d’eau restantes avec de l’air comprimé (soufflette branchée sur un compresseur). Ne touchez plus le silicone, même avec les gants, une fois qu’il est sec, sinon vous devrez le re-nettoyer.
Pour la glace sous, nettoyez la juste avec un chiffon microfibre humide puis séchez la avec un chiffon microfibre sec (technique idéale aussi pour les traces de doigts sur les TV et les écrans divers).
Au niveau de l’usure de la couche de fond, nous sommes à l’étude pour trouver soit un remplacement facile du silicone par un autre (technique déjà pas mal évoquée sur les forums), dans notre cas avec du QSil216, soit en remplaçant complètement le silicone et la glace de fond par 2 plaques de verres (qualité optique) collées et dont la plaque simulant le silicone serait traitée, soit par un revêtement hydrophobe, soit par une dé-ionisation (diminution des tensions de surface), garantissant un effet de succion limité entre la plaque et le support (essais en cours : les résultats dans un prochain post).
Consommables :
L’alcool ISO : Il peut être facilement recyclé, comme déjà évoqué sur ce forum, en précipitant la résine dissoute, par l’action des UV (quelques heures en four UV ou quelques jours au soleil) puis en filtrant le tout à l’aide de bon vieux filtres à café. Pour un résultat optimal, nous préconisons l’utilisation de 3 ou 4 filtres superposés. Le filtrage est plus long mais est quasiment complet en un passage. Pour les plus bricoleur, un recyclage optimal peut aussi se faire par distillation de l’alcool contaminée.
Pas grand-chose à dire sur les résines en elles-mêmes si ce n’est que vous pouvez très facilement élargir votre palette de couleur à l’infini en utilisant des colorants alimentaires dans les résines transparentes et blanches (colorant de marque « Vahiné »). Nous l’avons testé et cela fonctionne très bien. Attention néanmoins à ce que la dilution du colorant soit parfaite, à mélanger dans un pot avec une spatule, jusqu’à obtenir une résine colorée parfaitement homogène sans trace de microgouttelettes de couleur. Plus la concentration en colorant sera grande, plus le mélange sera long pour une dilution parfaite.
Petite précision, n’en faite pas trop d’un coup car le colorant à tendance à précipiter dans la résine après 24h. Donc faites juste le necessaire et imprimez dans la foulée.
Enfin, préférez aux papiers absorbants ou tissus en cotons, des tissus microfibres qui ne peluchent pas.
Nettoyage des pièces :
Comme énoncé précédemment, nous préconisons le détachement des pièces à la spatule aiguisée, pour limiter les efforts humains mais aussi les déformations de pièces fines que pourraient engendrer les efforts dans la spatule.
Nous plongeons ensuite notre pièce dans le premier bac d’alcool pour enlever le surplus de résine non polymérisée et nous combinons l’action de l’alcool à un brossage mécanique au pinceau, directement dans le bac (5 min)
Nous plongeons ensuite la pièce dans un deuxième bac d’alcool propre qui se trouve en bain marie dans le réservoir d’eau d’une machine à ultrason (80 € sur EBay). Et nous alternons les effets des ultrasons, du brossage au pinceau (différent du premier) et d’une soufflette d’air comprimées pour éliminer complètement toute trace de résine liquide (10 min).
La pièce est enfin prête à passer 90 min en four UV (80-100 € sur EBay), après quoi, elle est prête à être séparée de ses supports.
Nota : pour la séparation des supports, nous préconisons grandement, notamment pour les pièces fragiles, l’utilisation d’un scalpel bien aiguisé, qui sera beaucoup moins contraignant pour la pièce qu’une pince coupante qui, avant de couper, va déformer le support, et donc la pièce, qui risquerait de casser, suivant son degré de fragilité.
Voilà, j’ai à peu près fait le tour des astuces et bonnes pratiques que nous avons pu découvrir en 3 mois d’utilisation intensive de notre machine. Je posterai les résultats de nos pistes d’amélioration dès que possible et je vous souhaite à tous de bonnes impressions 